Huile sur toile. Entourage de Louis de Boullogne le Jeune (1654 – 1733)
Dans un ovale feint, une belle jeune femme, penchée sur son ouvrage, s’apprête à porter un coup de marteau sur le ciseau qu’elle tient fermement de la main gauche. Tandis que la sculpture grandeur nature qu’elle façonne est couchée devant elle, une statuette se dessine dans l’ombre au second plan. Le geste ainsi saisi sur le vif dans la lueur d’un atelier, donne à notre peinture l’impression d’un instantané illustrant les qualités que doit posséder le sculpteur : force et adresse.
Dans cette première partie du XVIIIe siècle, le registre allégorique associe souvent sculpture et peinture. Mais notre peintre a pris le parti de ne représenter qu’un seul de ces arts. Ainsi, sa composition peut être regardée comme une illustration du débat du Paragone ouvert à la Renaissance et se poursuivant dans les salons jusqu’au XVIIIe siècle. Débat intellectuel visant à hiérarchiser les arts, principalement la peinture et la sculpture, en argumentant sur l’idée de l’imitation de la nature. En « enfermant » cette sculptrice dans sa composition, notre peintre a-t-il voulu défendre l’idée que la peinture était un art supérieur à la sculpture ? En effet, combien de sculptures représentent un peintre à l’ouvrage ? Peut-être a-t-il simplement souhaité les réunir pour affirmer l’idée d’égalité voire de complémentarité des deux arts ?
Nous avons choisi de vous présenter cette peinture allégorique dans un rare cadre lombard du début du XVIIIe siècle en bois sculpté et doré à la mecca.
Dimensions : 61 x 73 cm – 76 x 88 cm avec le cadre
Vendu avec facture et certificat d’expertise
Biographie : Louis de Boullogne II ou le Jeune (Paris 1654 – Id. 1733) est le fils de Louis Boullogne I et le frère de Bon Boullogne. A peine âgé de 18 ans, il se voit décerner le Grand prix de peinture de l’Académie. Quatre ans plus tard, il entreprend le voyage en Italie et se rend à Rome où il copie nombre d’œuvres de Raphael. Après s’être arrêté à Venise et avoir traversé la Lombardie, il est de retour à Paris en l’an 1680 où il est fait membre de l’Académie. Son tableau de réception, Auguste faisant fermer le temple de Janus marque les esprits et lui procure un succès immédiat. Il reçoit des commandes de toute part et ses tableaux ornent les murs du Château de Versailles, de nombreuses églises de Paris, mais aussi le château de Marly ou celui de Meudon. On lui doit aussi deux mays de Notre-Dame. En 1723, il est nommé recteur de l’Académie, et en 1724, premier peintre du roi, avec lettres de noblesse.
Bibliographie :
– MILOVANOVIC Nicolas, Catalogue des peintures françaises du XVIIe siècle du Musée du Louvre, Gallimard Louvre éditions, 2021
– BAJOU Thierry, La Peinture à Versailles XVIIe siècle, Buchet / Chastel Pierre Zech éditeur, 1998
– BREME, Dominique, Allegoria, les clés de la symbolique baroque, Silvana Editoriale, 2024
– GUICHARNAUD Hélène, Louis de Boullogne, Cinq Continents, 2011