PIERRE OUTIN
1840 – 1899
Au Beau Navire
Huile sur toile signée OUTIN en bas à droite
Dimensions : 78 cm x 60 cm
Dimensions avec cadre : 92 cm x 75 cm
La scène se déroule dans un restaurant de la ville de Moulins au 19ème siècle. Le tableau capture un moment intime et plein d’élégance : au centre de la composition, une femme gracieuse attire l’attention. Vêtue d’une robe somptueuse ornée de dentelles et de broderies, elle porte également un magnifique chapeau qui souligne son allure raffinée.
À sa droite, un jeune homme, vraisemblablement un messager ou peut-être un amoureux, se tient debout. Son regard est attentif et plein d’espoir tandis qu’il observe la femme lire la lettre qu’il vient de lui apporter. Le contraste entre l’innocence du messager et la sophistication de la dame crée une tension subtile mais palpable dans l’atmosphère.
L’arrière-plan du tableau est tout aussi important que les figures au premier plan : on peut apercevoir le pont de Régemortes, un élément architectural emblématique de Moulins. Ce pont, avec ses arches majestueuses, est baigné par la lumière du jour, ajoutant une dimension de profondeur et de perspective à la scène.
La composition du tableau, le jeu de lumières et d’ombres, ainsi que la richesse des détails vestimentaires et architecturaux confèrent à cette œuvre une beauté intemporelle et une élégance typique du 19ème siècle. Cette scène de genre, bien que simple en apparence, dépeint avec finesse les subtilités des interactions humaines et l’atmosphère d’une époque révolue
Pierre Outin, né en 1840 à Moulins, était le fils d’un riche commerçant. Il fit ses études au Lycée de Moulins où il apprit les rudiments du dessin. Cependant, son père n’appréciait pas ses goûts artistiques et l’envoya travailler en Angleterre. Encore mineur, Pierre revint à Paris et trouva un emploi dans une maison de soierie, ce qui plaisait à son père.
En 1861, après avoir atteint la majorité, Pierre décida de quitter son emploi pour poursuivre sa passion pour l’art. Grâce à l’intervention du sculpteur Charles Joseph Lecointe, un ami de la famille, il fut admis dans l’atelier du célèbre peintre Alexandre Cabanel. Outin se montra un élève talentueux et remporta le premier prix au concours de l’École des Beaux-Arts en 1863.
Dès 1868, Outin exposa sa première toile au Salon des Artistes Français, révélant son penchant pour les scènes de genre à caractère historique. À partir de cette date, il participa régulièrement à ce salon prestigieux.
En 1874, Outin entreprit un long séjour en Algérie, fasciné par la terre africaine. Il y découvrit des couleurs vives, une luminosité unique et des tenues orientales qui enrichirent sa palette à son retour en France. Cette influence se ressentit dans ses œuvres, où ses couleurs devinrent plus riches et nuancées.
Outin fréquentait la Nouvelle Athènes à Paris, un lieu de rencontre pour de nombreux artistes de son époque, tels que Manet, Pissarro et Goeneutte. Pendant le Siège de Paris et la Commune, il s’installa à Auvers-sur-Oise auprès de ses amis, où il réalisa le portrait du peintre Eugène Murer.
En 1880, son tableau “Course d’Automne” fit sensation au Salon, attirant l’attention du public et des critiques, notamment Maurice Du Seigneur. Il accumula les médailles et mentions, culminant avec son célèbre tableau “Combat de Quiberon” en 1889, qui le plaça hors concours. Cette même année, il reçut une mention honorable pour “Piété filiale”.
Reconnu de son vivant, ses œuvres furent achetées par des marchands d’art tels que Goupil et Valadon, ainsi que par des collectionneurs anglais, américains et allemands. Outin était connu pour ses scènes historiques, ses scènes de genre galantes, ainsi que ses peintures orientalistes, inspirées de son séjour en Algérie. Ces œuvres sont marquées par une composition élégante et une palette riche et délicate, capturant l’atmosphère chaleureuse de l’Orient.
Pierre Outin décéda en 1899, laissant derrière lui un héritage artistique riche et diversifié. Ses talents de dessinateur et de coloriste continuent d’être appréciés dans ses œuvres conservées et admirées à travers le monde.