Élégant petit vase en grès flammé de Lunéville, monté sur un socle en argent poinçonné, fin du XIXe siècle, circa 1890-1900. 

La manufacture de Lunéville-Saint-Clément est fondée au XVIIIe siècle. Active jusqu’en 2022, elle demeure une des plus prestigieuses maisons de faïences de Lorraine. 

À la fin du XIXe siècle, sous l’impulsion de l’École de Nancy, elle diversifie sa production et prend elle aussi, le tournant de l’Art Nouveau. Sous l’influence du japonisme, le grès devient un médium de choix pour réinventer les céladons et sang-de-boeuf qui fascinent alors les plasticiens. Parmi eux, Dalpayrat, Chaplet et Deck se passionnent pour les flammés d’origine chinoise. 

Lunéville sous les Keller-Guérin, se lance dans cette pratique du grès dès 1892, grâce à Maurice Ravinel alors directeur de l’atelier d’art. Sous sa présidence, des artistes comme Ernest Bussière  (1863-1913) exploitent pleinement la recherche créative de cette esthétique. En témoigne les mots d’Eugène Corbin dans « Art et Industrie » en 1909 : 

« Nous ne pouvons passer sous silence les beaux produits de la manufacture Keller Guérin de Lunéville dont la direction fut toujours attentive aux produits nouveaux. La constante participation de cet établissement aux manifestations de l’École de Nancy démontre la communion d’idées qui unit cette très importante manufacture au groupement qui nous intéresse. »

Les décors de ce type, aussi appelés « flambés », sont issus d’un procédé technique extrêmement complexe car il est impossible de véritablement contrôler le rendu exact de la pièce et des compositions vitreuses une fois sortie du four. Ces effets de coulures sont de fait, obtenus par la réaction du feu sur les oxydes. Il en résulte donc, des pièces au caractère unique. À la polychromie dans les tons chauds, rouge orangé tirant sur le jaune, que l’on retrouve ici, s’ajoute un véritable jeu de lumière dans les reflets en fonction des effets métalliques présents à la surface du vase. 

À la différence d’autres oeuvres, il est intéressant de noter le travail de l’argent qui forme ici, un socle et complète parfaitement le vase. Ce dernier, tisse, par l’emploi du métal, tisse un lien pertinent avec les effets de matière issus du travail du grès évoqués précédemment. Il apporte également, la pleine dynamique de l’Art Nouveau à la pièce, avec son lexique décoratif végétal, déployant de fines feuilles stylisées sur la monture circulaire. 

Notre vase combine donc à lui seul, le renouveau de la céramique française à l’aube du XXe siècle à cette recherche d’esthétique absolue qui puise ses sources dans l’observation de la nature, si chère à l’Art Nouveau. 

Dimensions : 

• Hauteur :  8 cm 
• Diamètre du socle : 6 cm 
• Diamètre du col : 2.6 cm