Georges Van der Straeten (Gand, 1856-1926)- La Rieuse, La Malicieuse. Paire de bustes en bronze à patine brune présentés sur un piédouche circulaire mouluré en marbre Rouge Griotte. Fonte d’édition ancienne émanant vraissemblablement des Maisons parisiennes de Bronzes d’art Eugène Blot et fils ou A.Hertoz, d’après des modèles créés par l’artiste-sculpteur entre 1887-1890. Signés en creux à leur revers: “Van Der Straeten”.
Pour les Curieux:
“Son oeuvre est un sourire”, écrivait en 1895 Georges Migeon dans un article consacré à ce “sculpteur ” devenu “le maître de toutes les élégances parisiennes“. D’ “une invention charmante”, ces deux menues effigies modelées avec liesse mettant en scène quelques Elégantes ou Parisiennes de La Belle Epoque –soubrettes enjouées, “exquises et friponnes” des Temps Modernes- illustrent à râvir ces propos.
Sémillante,La Rieuse (1887) aussi dénommée L’Espiègle ou Gaité arbore une une gorge, une nuque opulentes; son visage, encadré de mèches folâtres, irradie d’un sourire franc, désinvolte qu’accentuent le profil retroussé de son nez, l’expression malicieuse de ses yeux. Au creux de la tourbillonnante étoffe nimbant sa poitrine, prend place un Loup ou masque de Commedia dell’arte-, allusion au spirituel personnage de Colombine prisé par l’artiste ou écho dans sa carrière au Drame- buste de Sarah Bernhardt (1886).
Enjôleuse,La Malicieuse (circa 1890) dite aussi La Modestie , “merveille de grâce spirituelle dans son exécution fine et distinguée” (Arsène Houssaye, 1890) séduit d’emblée par sa jolie frimousse auréolée d’un savant toupé étagé piqué d’un ruban, par “ce rien de coquetterie et d’agrément” qu’affiche sa gestuelle précieuse empreinte d’une caline pudeur; l’étoffe fine glisse de ses épaules dévoilant un corps gracile, ondulant jouant de ses frais et souriants atours.
Statuettes-Bibelots déclinant “les délicatesses, les roueries, les pudeurs et les charmes” dont “la femme moderne sait si bien parer sa beauté” (Henri Nicolle, 1893; G.Migeon, 1895), ces bustes de fantaisie séduisant salonniers, amateurs d’art du Salon des Artistes Français, attirant les promeneurs parisiens ou européens flânant sur les Boulevards près du luxueux magasin d’Auguste Klein ou fréquentant les “expositions permanentes” proposées au sein de leurs Maisons par des Bronziers d’Art alors renommés tels Eugène Blot ou A.Hertoz (respectivement sises 51, boulevard de la Madelaine et 41, rue de Châteaudun), premiers détenteurs dans les années 1890-1895 – période de reconnaissance et de renommée de G.Van der Straeten en ce “genre parisien” adopté par la sculpture de l’époque-des modèles de l’artiste dès lors édités en bronze s’approprient la verve des considérations d’Arsène Houssaye sur La Parisienne de son temps:
“La Parisienne -au point de vue du sculpteur-a l’expression multiple (…), la grâce composite.Elle est un tout, parce qu’elle est la Parisienne par excellence, c’est -à-dire l’esprit, le charme, l’imprévu, la malice, la coquetterie, l’abandon, les vertus théologales; mais elle peut être aussi le huitième pêché capital” ( La Parisienne,in: La Grande Dame: journal de l’Elégance et des arts, 1893)
Se laisser tenter?: Egayant “de leur fantaisies et de leur chic sculpté“, toute effigie féminine de G.Van der Straeten (1856-1926) prend tout naturellement place dans les salons ou autres pièces: “sur une cheminée, sur un bahut, sur une encoignure, c’est là un très joli objet artistique”. Particuliers, littérateurs (Champsaur) metteurs en scène en adoptèrent la silhouette “délicieuse, mignonne et charmante”.
Matériaux: bronze à patine brune; marbre Rouge Griotte .
Dimensions: H. totale: 21 cm; sans le socle: 18 cm.