Huile sur cuivre. Ecole anversoise de la première moitié du XVIIe siècle
Il existe plusieurs versions de cette composition qui jouissait d’une grande popularité auprès des amateurs d’art durant le Siècle d’or. Si certaines d’entre elles sont peintes sur panneau, la plupart, comme la nôtre, le sont sur cuivre. Nos recherches nous conduisent inéluctablement au cœur de l’immense foyer de production artistique qu’est Anvers au XVIIe siècle mais il nous parait hasardeux d’avancer une attribution convaincante tant les éléments de notre tableau appartiennent à un univers partagé par la plupart des ateliers anversois. Il n’est guère surprenant qu’une scène comme celle-ci ait été dupliquée et réinventée par les principaux ateliers de la ville. Bien que les spécialistes ne soient pas parvenus à déterminer le nom de l’inventeur de cette composition et qu’aucune version connue ne soit signée, certains exemplaires ont été attribués à Cornelis de Baellieur (1607-1671) – auquel nous serions tentés de rattacher notre version – et d’autres à Ambrosius Francken le Jeune (1581-1642). Et certaines figures peuvent même suggérer l’implication de Jan Brueghel le Jeune…
Quand les peintres du Nord abordent les sujets bibliques, les scènes sont souvent transposées dans les décors qui les entourent. Ainsi, pour notre Nativité, le village de Bethléem que l’on imagine entouré d’un désert aride devient-il une bourgade enneigée des Pays-Bas méridionaux. En intégrant les détails du quotidien : paysans, ouvriers agricoles, maisons au toit de chaume, cuisine en plein-air et ruelles serpentant, les peintres flamands obligent le spectateur à s’intéresser à chaque partie de la composition et à leur signification. La présente Adoration montre les bergers rendant hommage au Messie combinant brillamment l’épisode biblique avec la réalité contemporaine de l’hiver au cœur du petit âge glaciaire, le tout dans une atmosphère de réunion villageoise à l’image des scènes de tavernes. Bien que nous soyons en présence d’une représentation d’un thème biblique majeur, notre artiste organise la rencontre de trois genres picturaux dans une même œuvre : la Nativité, le paysage d’hiver et la liesse villageoise.
Notre Adoration est mise en valeur par un sobre cadre à casseta en bois noirci.
Dimensions : 54 x 71 cm – 68 x 85 cm avec le cadre
Bibliographie :
BAUDOIN, Frans, De Bruegel à Rubens, l’école de peinture anversoise 1550-1650, catalogue de l’exposition d’Anvers (déc. 1992 – mars 1993), Snoeck-Ducaju & Zoon, 1992
THIERY, Yvonne, Les peintres Flamands de paysage au XVIIe siècle, Lefebvre et Gillet, 1988.
MICHEL, Emile et CHARLES, Victoria, The Brueghels, Parkstone International, 2019
ORROCK, Amy, Bruegel : Defining a Dynasty, Taschen, 2017
HARTING, Ursula, Frans Francken der Jüngere, Freren, Luca, 1989