Huile sur panneau de chêne. Ecole flamande du XVIIe siècle attribuée à Denys van Alsloot.
Dans une atmosphère d’une grande froideur, la composition qui s’ouvre sous nos yeux mêle à la fois humour et magie. Dans un camaïeu de bleus et de verts sur des sols bistre ou rosé, des personnages aux attitudes théâtrales ponctuent le décor et animent la scène. Sur une étendue gelée, un homme chute renversant ses œufs sous les yeux d’une vieille marchande désolée, un patineur vacillant tente de garder l’équilibre, un rémouleur s’accorde une pause au bord du plan d’eau, un chasseur accompagné de son chien rentre au village, et un gentilhomme portant fraise et chapeau haut se promène…
La gradation particulière des couleurs fait partie intégrante de l’univers de van Alsloot : les bruns puis les verts plats au premier plan, et les bleus dans les fonds. Aussi, la composition, d’abord fermée pour concentrer les regards sur le drame qui se joue, s’ouvre dans l’arrière-plan sur une vue panoramique de village à l’orée d’une forêt. Cela constitue un schéma souvent emprunté par le maître flamand. La lumière diaphane qui inonde les lointains vient ajouter à l’atmosphère onirique de notre peinture.
En Flandre ou dans les Pays-Bas, en cette fin de petite ère glaciaire, la vie ne semble guère affectée par les températures négatives ou les intempéries, l’activité économique se poursuit et les joies du patinage occupent le temps libre.
Provenance : collection du comte Rémy de Polignac.
Notre composition est présentée dans un cadre de style en placage d’écailles et bois noirci.
Dimensions : 53 x 75 cm – 70 x 92,5 cm avec le cadre
Denys van Alsloot (Malines c. 1568 – Bruxelles c. 1626) est un peintre flamand cité à partir de 1593 (date à laquelle il participe à la décoration d’un monument dans l’église Notre-Dame du Sablon à Bruxelles). Reçu maître à la cour de l’archiduc d’Autriche Albert en 1599, il devient célèbre et collabore fréquemment avec Hendrick de Clerck (ce dernier peindra parfois les personnages dans les compositions de van Alsloot). Paysagiste minutieux dans le sillon de Gillis van Coninxloo, ses larges vues annoncent le paysage de l’école de Bruxelles (Jacques d’Arthois, Lucas Achtschellinck ou Lodewijk de Vadder).
Les œuvres de Van Alsloot peuvent être admirées dans les plus grands musées : trois grandes compositions au Musée du Prado à Madrid, trois autres au Victoria and Albert Museum de Londres, un paysage d’hiver au Musée du Louvre à Paris, deux œuvres dans les collections des Musées royaux de Bruxelles en Belgique…
Bibliographie :
– VAN SPRANG, Sabine, Denijs van Alsloot (vers 1568 – 1625/26), Peintre paysagiste au service de la cour des archiducs Albert et Isabelle, Pictora Nova Brepols, 2015.
– GIBSON, Walter S., Mirror of the Earth : the World Landscape in Sixteenth-Century Flemish Painting, Princeton, Princeton University press, 1989.
– SUTTON, P. C., Masters of 17th-century Dutch landscape painting, (cat. exp. Rijksmuseum Amsterdam oct 1987 – jan 1988, Museum of fine arts of Boston feb – may 1988, Philadelphia Museum of Art june – july 1988), Museum of Fine Arts Boston, 1988.
– THIERY, Yvonne, Les peintres flamands de paysage au XVIIe siècle : des précurseurs à Rubens, Bruxelles, Lefèbvre et Gillet, 1988.
– VLIEGHE, Hans, Flemish Art and Architecture : 1585 – 1700, Yale University Press, 1998.
– TAPIE, Alain, WEEMANS, Michel, Fables du paysage flamand, (cat. exp. Lille, Palais des beaux-arts, 6 octobre 2012-14 janvier 2013),Paris, Somogy, 2012.