Huile sur toile. Ecole française de la fin du 17e siècle, attribué à François de Troy.
Portraiturée de trois-quarts face, cette dame incarne l’élégance féminine de la fin du XVIIe siècle. Sa coupe dite « à la Fontange » renvoie à la duchesse éponyme qui, ayant été décoiffée par une branche lors d’une sortie de chasse, se rattacha les cheveux avec le ruban de sa jarretière. Louis XIV ayant trouvé la nouvelle coiffure de sa favorite charmante, les femmes de la cour eurent tôt fait de se réapproprier cette coiffure. Ainsi notre élégante est-elle au fait des dernières modes à la cour du Roi-Soleil. Si le chatoiement moiré de sa toilette capte immédiatement notre regard, la véritable audace réside dans le foulard transparent qui court le long de ses épaules et nous laisse entrevoir sa poitrine naissante.
Bien que la pose du modèle puisse paraître sage, la manière de l’artiste n’en est pas moins virtuose. On peut y voir la main de François de Troy qui, dès les années 1680, s’éloigne du style classicisant de Le Brun au profit d’un coloris plus vénéto-rubénien. La touche vive avec laquelle il esquisse les dentelles imprime du mouvement aux étoffes et les discrets empâtements des broderies d’or accrochent la lumière. A cette aune, l’esthétique vibrante de notre composition n’est pas sans rappeler son Portrait de Mademoiselle de Nantes (Musée des Beaux-Arts de Barcelone) et son Portrait de la princesse de Conti (Musée des Beaux-Arts d’Agen). L’exceptionnelle longévité de la carrière de François de Troy conjuguée à son talent lui valut d’être l’un des portraitistes les plus célébrés de son temps. Ainsi, l’historien d’art Pierre-Jean Mariette (1694 – 1774) écrit-il à son sujet « qu’il avait une manière de peindre extrêmement fondue, un pinceau léger et facile et un coloris qui imite merveilleusement bien tous les tons de la chair » et que « ses portraits étaient dignes d’entrer en parallèle avec les ouvrages les plus fameux du Van Dyck et du Titien ».
Notre portrait est présenté dans son cadre d’origine en chêne sculpté et doré à décor de feuilles, de fleurs et de glands.
Dimensions : 69 x 58 cm – 91 x 80 cm avec le cadre
Biographie : François de Troy (Toulouse 9 jan. 1645 – Paris, 1er mai 1730) naît dans une famille de vitriers et de brodeurs. Nous ne savons rien de son enfance toulousaine. Peut-être apprit-il la peinture auprès de son père, Antoine, qui pratiquait également l’art du portrait. Son installation à Paris entre 1662 et 1668 lui permet de se former auprès de Claude Lefebvre et de Nicolas-Pierre Loir, qui l’introduisent progressivement auprès de la cour. Agréé par l’Académie royale en 1669, il y est officiellement reçu en 1674 comme peintre d’histoire. Toutefois, c’est le genre du portrait qui lui vaut sa gloire et auquel il se dédie pleinement dès 1675. Fort de son succès, François de Troy progresse dans la hiérarchie de l’Académie, devenant professeur en 1693, puis directeur en 1708 et enfin assistant recteur en 1722. André Bouys, Hubert Drouais et son propre fils, Jean-François de Troy, y reçoivent ses enseignements. Ayant connu les règnes de Louis XIV et de Louis XV, François de Troy demeure l’un des portraitistes les plus fameux du baroque français, aux côtés de Nicolas de Largillière et Hyacinthe Rigaud.
Bibliographie :
AUBERT, Jean, Visages du Grand Siècle : le portrait français sous le règne de Louis XIV, 1660-1715, (cat. exp., Nantes, Musée des beaux-arts, 20 juin – 15 septembre 1997 ; Toulouse, Musée des Augustins, 8 octobre 1997 – 5 janvier 1998), Somogy, 1997.
BREME, Dominique, François de Troy, 1645-1730, (cat. exp., Toulouse, musée Paul Dupuy, 7 avril – 7 juillet 1997), Paris, Somogy, 1997.
KIRCHNER, Thomas, Heurs et malheurs du portrait dans la France du XVIIe siècle, Paris, Fondation maison des sciences de l’homme Centre allemand d’histoire de l’art, 2022.