Superbe vase en faïence en forme d’amphore tripode, décor de putti et fleurs en relief signé Carrier-Belleuse pour la manufacture de Choisy Le Roi, fin du XIXe siècle, circa 1890. 

Sur un délicat camaïeux de bruns-beiges, se déploie une scène amusante et d’une grande légèreté où putti et oiseaux évoluent dans une nature aussi insouciante que colorée. Les tiges des fleurs, quittent la panse du vase en s’enroulant de façon réaliste sur les pieds de l’objet. 

Les reliefs du décor confèrent à notre vase, en plus des variations de lumière associées à sa polychromie, un véritable jeu de matière. Ce rendu nécessite une maîtrise technique dite « pâte sur pâte », procédé mis au point à la manufacture de Sèvres aux alentours de 1850. 

La complexité de ce décor foisonnant en fait une pièce extrêmement riche, qui n’est pas sans faire écho à la personnalité polyvalente de l’artiste, rappelant ses divers médiums de prédilection. En effet, au-delà de l’aspect fonctionnel, Carrier-Belleuse réalise une synthèse au service de la céramique d’art pour nous livrer en réalité à la fois une peinture et une sculpture. Extrêmement soucieux du rendu de ses pièces, il avait pour habitude d’inciser l’argile encore humide afin d’obtenir des textures détaillées, proches de sa vision de la nature. 

Louis-Robert Carrier-Belleuse (1848-1913) est un artiste français aussi polyvalent que talentueux tantôt peintre, sculpteur ou encore céramiste. Il est également le fils du célèbre Albert Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887), artiste phare du second empire qui bénéficiait de l’appui personnel de l’empereur Napoléon III. Formé par son père aux Beaux Arts de Paris, il acquiert une reconnaissance certaine durant les salons de 1881 et 1889 pour lesquels il est primé. Outre sa pratique des beaux arts c’est à la manufacture de Sèvres qu’il fait ses armes auprès de Théodore Deck. Dès lors Louis-Robert diffuse son esthétique en dessinant des modèles pour la faïencerie de Choisy Le Roi (1804-1938), dont il devient d’ailleurs directeur artistique durant l’année 1889. 

Le rôle de la manufacture est important durant le XIXe siècle dans le domaine des arts industriels mais aussi de la céramique puisqu’en faisant appel à différents artistes de talents, elle permet de dépasser le cadre des arts décoratifs pour livrer des pièces, certes utilitaires mais plus encore de véritables chefs d’oeuvres à l’instar du vase de la lutte pour la vie, très proche de notre pièce avec son décor de putti similaire, conservé dans les collections nationales au Petit Palais à Paris. 

Il est d’ailleurs intéressant de constater que c’est dans le domaine précis de la céramique que Louis-Robert laisse libre court à son imagination avec un lexique ornemental plus fantasmé, quasi mythologique à l’inverse de sa peinture qui se veut quant à elle plus proche du réel et du quotidien de ses contemporains. 

Dimensions : 

• hauteur : 31.5 cm 
• diamètre de l’encolure : 10 cm