Huile sur cuivre. Ecole flamande, vers 1560, suiveur de Gérard David (c. 1460 – 1523).
Dans cette douce représentation, la Vierge penche délicatement la tête vers son fils qui s’apprête à prendre son sein. Un hochet à la main, ce dernier adresse un regard porté vers le lointain alors que sa mère l’observe d’un air concerné. Envisagerait-elle déjà les nombreux tourments qu’aura à subir son fils ? Malgré son caractère sacré, la tendresse qui émane de cette scène l’ancre dans la vie quotidienne et permet à chaque fidèle de s’y projeter. Cette iconographie fait écho à la double nature du Christ, à la fois divine et humaine, et rappelle le rôle nourricier et protecteur de la Vierge, étendu à l’ensemble de l’humanité. Suscitant une piété spontanée, cette œuvre conserve une part de sensibilité médiévale à laquelle la Renaissance septentrionale succède sans heurt.
Notre tableau est à rapprocher du corpus de Gérard David dont les représentations de la Vierge en petits formats eurent un grand succès dans le contexte de la devotio moderna. Ainsi, son Repos pendant la fuite en Egypte (Metropolitan Museum of Art, New York) peint dans les années 1510 montre des figures très similaires. Toutefois, sa Vierge à l’Enfant peinte en 1520 (également conservée au Metropolitan Museum of Art) offre une analogie encore plus probante, à ceci près que notre version transporte les personnages dans un décor plus intimiste. Néanmoins, l’exécution de notre peinture sur une plaque de cuivre nous situe après 1560, date à partir de laquelle l’utilisation de ce type de support se diffuse largement. A cette aune, les couleurs plus vibrantes de notre peinture, tant dans les carnations que dans les étoffes, corrobore un travail de la seconde moitié du XVIe siècle. Robe rouge et manteau bleu furent en effet les teintes avec lesquelles les peintres flamands du milieu du XVIe siècle, tel Ambrosius Benson, habillaient la Vierge, contrairement aux primitifs dont la palette était plus froide.
Nous avons choisi de présenter cette délicate maternité dans un luxueux cadre à cassetta en bois noirci et doré fabriqué sur mesure par un maître artisan italien.
Dimensions : 29.5 x 22 cm à la vue – 55 x 46 cm avec le cadre
Vendu avec facture et certificat d’expertise
Biographie : Gérard David (Oudewater c. 1460 – Bruges, 13 août 1523) est le dernier des primitifs flamands, souvent considéré comme le successeur de Jan van Eyck et Hugo van der Goes. On sait peu de chose sur sa jeunesse, sinon qu’il serait originaire des Pays-Bas du Nord et qu’il se serait formé à Haarlem. C’est en 1484 qu’il rejoint la guilde des imagiers et selliers de Bruges. En dépit du déclin de cette ville à la fin du XVe siècle, il y tient un atelier prospère dès 1495 où travaillent plusieurs compagnons, au premier rang desquels Ambrosius Benson. En 1499, après avoir achevé son célèbre Jugement de Cambyse (Musée Groeninge, Bruges), il est nommé premier assistant de la corporation et en devient le doyen en 1501. David disposait alors d’un second atelier hors des murs de Bruges qui continua à fonctionner après sa mort, jusqu’en 1524, date de sa reprise par Joos Wachtenpert. Par la suite, de nombreux artistes, tant à Anvers (Joos van Cleve) qu’à Bruges (Adriaen Isenbrant et Ambrosius Benson), se réapproprièrent ses innovations iconographiques.
Bibliographie :
AINSWORTH, Maryan Wynn (dir.), Gerard David : Purity of Vision in an Age of Transition, New York, Metropolitan Museum of Art, 1998.
AINSWORTH, Maryan Wynn (dir.), From Van Eyck to Bruegel : Early Netherlandish Painting in the Metropolitan Museum of Art, (cat. exp. New York, the Metropolitan Museum of Art, September 22, 1998 – January 3, 1999), H.N. Abrams, 1998.
REAU, Louis, Iconographie de l’art chrétien, 3 vol. Paris, Presses Universitaires de France, 1958.
VAN MIERGROET, Hans J, Gérard David, Anvers, Fonds Mercator, 1989.