Huile sur panneau de chêne. Ecole hollandaise du 17ème siècle. Peinture de l’atelier de Judith Leyster.
Dans un intérieur dépouillé, probablement une taverne, un chevalier se tient assis près d’une fenêtre. Un très jeune servant lui ôte ses bottes ou le rechausse (la scène rappelle qu’en ces temps les jeunes adolescents travaillaient). Les cartes jetées au sol laissent à penser qu’une partie vient de s’achever, et la mine désabusée de l’homme qu’il en est le perdant.
Sur fond de fins glacis brun/gris, des coups de pinceau libres et déliés forment le dessin. Et l’atmosphère paisible qui règne dans cette scène, avec le chevalier dépité et le jeune servant bienveillant, rattache l’œuvre à Judith Leyster. Parmi les maîtres du genre, elle innove en introduisant cette nouvelle vision des scènes domestiques qui auparavant étaient plus animées voire plus « bruyantes ».
Notre peinture est soulignée par un élégant cadre français en bois sculpté et doré d’époque Louis XIV. Une ancienne étiquette de collection avec un numéro d’inventaire est collée au dos: J. S. Fires n°7.
Dimensions : 31 x 39 cm la vue - 43 x 51 cm avec le cadre
Judith Leyster (Haarlem 28.07.1609 – Heemstede 10.02.1660) est une des rares artistes féminines de l’Age d’Or néerlandais à s’illustrer. Son art s’exprime dans la peinture de genre (musiciens, joyeuses compagnies et scènes de taverne) et les portraits. Elle tient son nom de la brasserie de son père « Ley-Ster » (étoile polaire en hollandais).
A peine âgée de 24 ans, elle intègre la guilde des peintres de sa ville natale. Elle dirige son propre atelier et, en dépit de son admiration pour Frans Hals, elle n’hésite pas à déposer plainte contre lui lorsqu’il débauche un de ses assistants. L’influence de ce dernier est perceptible dans ses œuvres.
Lorsqu’elle épouse en 1636 le peintre Jan Miense Molenaer, sa carrière s’interrompt brusquement. Le couple s’installe à Amsterdam et Judith s’adonne aux tâches domestiques et à l’éducation de ses quatre enfants. Cependant, il est fort probable qu’elle ait assisté son mari dans la réalisation de ses œuvres.
Tombées dans l’oubli à sa mort, ses peintures ont été attribuées à d’autres artistes, souvent à son mari. A la fin du XIXème siècle, grâce aux travaux de l’historien de l’art Cornelis Hofstede de Groot, Judith Leyster est enfin reconnue. Et en 2009, la National Gallery of Art de Washington lui consacre une exposition.
Quelques œuvres de Judith Leyster dans les musées : Le Joueur de Luth au Rijksmuseum d’Amsterdam, Autoportrait à la National Gallery of Art de Washington, La Dernière Goutte au Philadelphia Museum of Art, La Proposition au Mauritshuis de La Haye ou encore La Joyeuse Compagnie au musée du Louvre à Paris.